Friday, July 18, 2008

«En español, auf Deutsch»

Sylvie C. Albert Étude comparative de la littérature immigrante en langue étrangère au Canada Je vais vous parler aujourd'hui de l'ethnicité dans la littérature immigrante en langue étrangère au Canada. La littérature immigrante est bel et bien entrée dans le système littéraire de ce pays. En effet, les noms d'Emile Ollivier et de Nino Ricci n'en sont que deux parmi bien d'autres qui créent une littérature dans laquelle se dessinent les relations ethniques. Dans Ces étrangers du dedans. Clément Moisan et Renate Hildebrand ont souligné les relations ethniques dans la littérature québécoise écrite par des auteurs migrants, c'est-à-dire des écrivains qui écrivent en français, immigrants ou non, en élaborant une fiction où des éléments ethniques s'incorporent dans la société québécoise. Dans Scandalous Bodies : Diasporic Literature in English Canada, Smaro Kamboureli évalue l'ethnicité de la littérature de la diaspora en anglais. Les ouvrages cités sont d'une valeur incontestable dans l'étude des relations ethniques au Canada, mais elles ne tiennent pas compte d'un autre corpus littéraire : celui de la littérature immigrante en langue étrangère. Pour souligner la contribution des écrivains en langue étrangère au Canada, j'ai choisi d'étudier les éléments ethniques des poèmes de Walter Bauer, qui est originaire d'Allemagne, et de Jorge Etcheverry, originaire du Chili. Bauer a écrit en allemand, Etcheverry en espagnol. Au cours de mon étude, je veux répondre aux questions suivantes : Dans les poèmes de Bauer et d'Etcheverry, quelle est l'importance du choix de la langue d'écriture? Est-ce que la voix poétique représente, à partir de références culturelles, le pays et la culture d'origine? Est-ce qu'elle représente, de la même façon, le pays et la culture d'accueil? Comment s'articule dans ces textes la double référence au pays et à la culture d'origine et au pays et à la culture d'accueil? Quelle est l'importance des textes d'écrivains en langue étrangère au sein de la littérature canadienne? Y a-t-il des ressemblances ou des différences dans les références culturelles entre la poésie de Jorge Etcheverry et de Walter Bauer? J'utilise le terme « voix poétique » pour désigner ce qu'on entend comme le « narrateur » dans le cas d'un roman. C'est la voix qui raconte, qui rapporte, qui construit le message. Pour définir le terme « référence culturelle », je m'appuie en premier lieu sur un texte par Gilles Dupuis, de l'Université de Montréal. Dans ce texte, qu'il a présenté dans le cadre d'une conférence en mars 2003, Dupuis analyse les éléments ethniques dans deux romans pour expliquer la valeur ethnoculturelle de ces derniers dans les relations entre ethnies dans la société québécoise. Par exemple, chez Dupuis, les éléments ethniques sont les poèmes arabes retrouvés dans le roman d'Abla Farhoud et les recettes chinoises dans le roman de Guy Parent. En deuxième lieu, je m'appuie sur la définition générale du terme « ethnie » retrouvé dans le Nouveau Petit Robert : « Ensemble d'individus que rapprochent un certain nombre de caractères de civilisation, notamment la communauté de langue et de culture ». Je soulignerai donc dans le texte tous les éléments ethniques -de langue et de culture - qui renvoient à la civilisation d'origine et à la civilisation d'accueil. Je nommerai « références culturelles » ces éléments ethniques qui renvoient à l'expression littéraire de l'expérience d'immigration. Le choix de la langue d'écriture Jorge Etcheverry, "Perro con Alas", c 1980, de la collection de poèmes El evasionista/The Escape Artist Walter Bauer, "Canada ", c I960, de la collection de poèmes The Price of Morning L'écriture en langue étrangère au Canada n'est pas unique à Jorge Etcheverry et à Walter Bauer. Steven Totosy de Zepetnek a dénombré environ 65 langues différentes représentées dans la littérature de langue non-officielle (ex. Icelande, Mennonite). Cependant, peu d'exemplaires de cette littérature ont profité 'd'une publication dans le pays, ce qui s'explique en partie par la politique d'immigration de l'époque, orientée vers les travailleurs manuels, fermiers et ouvriers. Ce n'est qu'après la deuxième guerre mondiale que la proportion des artistes parmi les immigrants a augmenté. Plusieurs d'entre eux fuyaient ou quittaient leur pays à cause de tensions politiques. Au fil des années, la littérature en allemand et en espagnol s'est publiée grâce à l'appui de diverses associations et organismes. La littérature allemande-canadienne a trouvé un support chez des associations telles que la Historical Society of Mecklenburg, Upper Canada et la German-Canadian Historical Association, qui subventionnent la publication des œuvres et la diffusion d'articles critiques (Deutschkanadisches Jahrbuch, Deutschkanadische Schriften). Le German-Canadian Studies Newsletter, dont l'éditeur est le titulaire de la Chaire des Etudes allemandes-canadiennes à Winnipeg, est publiée régulièrement sur Internet. Enfin, les fonds découlant de la politique du multiculturalisme également permis la fondation du Friedrich Schiller Foundation for German-Canadian Culture. Quant à la littérature chilienne-canadienne, elle occupe depuis 2001 une place distincte au sein d'une entente Canada-Chili. Le Proyecto Adrienne consiste en une entente entre la Bibliothèque nationale du Canada et la Bibliothèque nationale du Chili « en vue de sauvegarder et de retourner au Chili les œuvres intellectuelles réalisées par les écrivains [Jorge Etcheverry] et artistes chiliens ayant dû s'exiler au Canada suite au coup d'État du 11 septembre 1973 ». Jorge Etcheverry et plusieurs écrivains chiliens ont obtenu des fonds de publication par le biais de la politique du multiculturalisme, un programme visant à préserver l'héritage culturel et ethnique de la diversité canadienne. Les auteurs chiliens ont publié dans les magazines littéraires (souvent bilingues) Alter Vox et Possibiltiis. De plus, les artistes latino-américains du Canada se rencontrent à la conférence Boréal à chaque année depuis deux ans. Cette conférence a lieu à Ottawa et est organisée par le Taller El Dorado, un groupe littéraire initié par Jorge Etcheverry réunissant aussi plusieurs poètes et artistes de diverses communautés ethniques, entre autres : colombiens, guatémaltèques et autochtones. D'autres rencontres, comme le Latin American Arts Festival, à Toronto, et le Festivalísimo, à Montréal, célèbrent le théâtre, le cinéma, la danse, la musique et la littérature chilienne et latino-américaine. De plus, les écrivains chiliens de la diaspora ont aussi été le sujet d'un numéro entier de deux revues littéraires : ARC et Ellipse. Finalement, le caractère bilingue des publications que je vous ai présenté est à souligner.' chaque poème est accompagné de la traduction en anglais. Quelle est la nécessité de cette traduction? De toute évidence, il s'agit du souci des auteurs et des éditeurs pour l'intégration du livre dans le système littéraire anglophone. C'est ainsi que Bauer a vu son œuvre reconnue au point de devenir le plus important poète allemand-canadien. Sans l'accompagnement d'une traduction, les poèmes de Bauer d'Etcheverry seraient inaccessibles à la majorité des canadiens. L'Honorable Adrienne Clarkson a prouvé que la traduction a permis l'intégration de la poésie de Bauer puisque la version anglaise de son poème « Canada » fut cité par la Gouvemeure générale en octobre 2001 lors de son discours à l'occasion d'un dîner en l'honneur du Président de la République fédérale d'Allemagne. Elle faisait référence à l'immigration au Canada et « the probiems of aliénation and assimilation faced by every immigrant. The "once 1 lived there, now 1 live here" of the newcomer. »2 Les références culturelles et l'expression de l'expérience d'immigration Dans l'analyse des textes, je souligne justement le « there » et le « here » de l'expérience d'immigration dans les poèmes de Bauer et d'Etcheverry. L'expérience d'immigration s'exprime par la double référence au pays et à la culture d'accueil, d'une part, et au pays et à la culture d'origine, d'autre part. Dans chaque poème, la voix poétique exerce une fonction permettant d'évaluer l'expression de l'expérience d'immigration ou d'exil sous différentes perspectives. En particulier, j'ai noté l'opposition de l'idéal cultivé de l'humanité et son animalité de base ou la nature sauvage, mais aussi le passé et le présent, la civilisation d'origine et civilisation d'accueil, la droite et la gauche, l'individu et la communauté, la mémoire, la remise en question de l'identité. Dans mon étude, j'ai porté une attention particulière aux références culturelles se rapportant à l'opposition de deux civilisations distinctes et je les ai mises en relation avec l'expérience d'immigration. « Canada » Dans le poème « Canada » de Walter Bauer, la voix poétique communique que le Canada, en comparaison avec l'Europe, est un pays où on ne retrouve pas une sagesse culturelle et artistique mais plutôt un sens totalisant de la sagesse à travers la nature. Les références culturelles de la nature canadienne s'opposent à celles des artistes et de l'histoire européenne (voir tableau 1). Le poème « Canada » construit la préséance de la terre canadienne sur la culture artistique européenne. À cet effet, la voix poétique met une emphase sur l'absence des références culturelles européennes en terre canadienne et personnifie certaines références à cette même géographie afin d'augmenter leur importance aux yeux du lecteur. L'énumération des références culturelles d'origine européenne est plutôt brève et son absence est intensifiée par une négation répétitive («nicht hier»). La voix poétique prise la nature canadienne par rémunération des caractéristiques de cette dernière et la culmination de la préférence est caractérisée par une qualification qui détermine sa sagesse totalisante (« die Endsumme aller Weisheit »). On pourrait croire que la représentation froide et sauvage de la nature canadienne ne soutient pas l'hypothèse de la supériorité de la nature en fonction de la culture européenne distinguée et aristocrate (« Glanz des Grossen Herms »). Cependant, je crois plutôt que l'aspect froid et sauvage reproduit le sentiment d'aliénation et de solitude auquel fait face l'immigrant. Tableau 1 Références culturelles dans « Canada » par Walter Bauer Références à la civilisation d’origene Platon, Aristoteles, Dante Rembrandt, Kônig im Exil Références à la civilisation d'accueil Labrador, Walder, Yukon, Mackenzie, Arktis Perro con Alas Le poème « Perro con Alas », de Jorge Etcheverry, transmet la colère d'un chilien contre le gouvernement chilien après le coup d'état de 1973 et la perte de l'identité et de la culture à cause de l'exil. C'est de façon chaotique et fragmentaire que la voix poétique exprime la chute dans l'animalité de l'homme idéal: un homme comme tout autre, cultivé en philosophie, en littérature et en poésie. On assiste à la perte de l'individualité de l'homme exilé. On retrouve également le dilemme de l'exil dans le style fragmentaire et chaotique de la forme du poème. Il y a une coupure entre la première partie et la deuxième partie du poème. Cette séparation concorde avec la double référence au Chili du passé et de la vie au Canada dans le présent et représente le nouvel espace inconnu dans lequel l'individu ne se retrouve pas culturellement. On constate que les références culturelles chiliennes et européennes sont beaucoup plus nombreuses dans le texte et se retrouvent dans la première partie, alors que les références culturelles canadiennes sont presque inexistantes (voir tableau 2).Cette réalité textuelle appuie l'hypothèse selon laquelle ce poème est une représentation de la perte d'identité culturelle de l'immigrant, et que la deuxième partie représenterait le sentiment d'aliénation de ce dernier à l'extérieur de son pays et sa culture d'origine. La référence au Canada dans la deuxième partie est restreinte au mot «K-MART », une chaîne de magasins d'économies canadienne, qui ferma ses portes en 1998 pour être remplacée par WAL-MART. Je crois que cette référence strictement économique et l'absence de toute référence culturelle reproduit la perspective de l'immigrant du pouvoir économique que représente le Canada comparé à son pays d'origine. Il s'agit ici d'une critique à la société de consommation canadienne (et nord-américaine) qui n'apporte que la discorde. La posture de la voix poétique fait foi de cette affirmation par la négativité et l'aspect fragmentaire du texte dans la deuxième partie, qui représentent les effets malheureux de la puissance économique. En ce sens, je m'appuie aussi sur la biographie de l'auteur. L'exil d'Etcheverry est une conséquence de la société de consommation car la lutte des États-Unis pour le pouvoir économique se traduit par l'appui de la CIA au coup d'état chilien. Tableau 2 Références culturelles dans « Perro con Alas » par Jorge Etcheverry Références à la civilisation d'origine Chile, chilenos, Loma, Allen Ginsberg, Barrio Alto, Quilapayùn, Erik, Escuela de Santiago, Garcia Lorca, la chilenidad, revista Poetry, Yoli, Calle Cóndor, Chino Piñones, Mono Vélez, Limerik, Darwin, Heidegger, Esquilo, Beckett, Perse,Lautréamont, Gómez de la Serna, Pellegrini, Newton, Franklin, Iluminaciones, Una estadia en el Infiemo, Eliot,De Rokha Références à la civilisation d'accueil Québec city, norteamericana, K-MART, canadiense, Norteamérica Comparaison Lorsqu'on compare l'usage des références culturelles de la civilisation d'origine par rapport à la civilisation d'accueil, on note dans « Perro con Alas » une quantité plus élevée de références culturelles que dans « Canada ». De plus, l'écart dans le rapport entre les références à la civilisation d'origine et celles de la civilisation d'accueil est plus grand dans « Perro con Alas » que dans « Canada » (voir tableau 3). Deux facteurs sont en cause dans cette différence entre les deux poèmes. Premièrement, le nombre des références est plus élevé dans « Perro con Alas » puisqu'il s'agit d'un poème en prose constitué de plus d'une vingtaine de strophes d'environ dix lignes chacune, tandis que «Canada» consiste en un texte amplement plus réduit d'une vingtaine de lignes. Deuxièmement, la posture de la voix poétique dans « Perro » est enchaînée à la mémoire et la révolte à l'égard d'événements qui font partie du passé dans le pays et la culture d'origine. Le ton nostalgique entraîne donc en même temps le recours à une grande quantité de références à la civilisation d'origine. Dans le poème « Canada », le lecteur est plutôt entraîné dans une idéalisation de la nature canadienne, qui dénote certes la difficulté de l'immigration par l'aspect sauvage et peu accueillant de cette dernière, mais tout en conservant la supériorité de la civilisation d'accueil sur la civilisation d'origine. La relation entre ces poèmes et la vie de l'auteur nécessite une attention particulière dans la perspective de l'analyse de l'expérience d'immigration. Comme je l'ai mentionné, Etcheverry s'exila au Canada suite aux conséquences de la prise de pouvoir du gouvernement Pinochet au Chili en 1973. Activement engagé dans le Movimiento de Izquierda Revolucionaria depuis 1965, Etcheverry se vit menacé de persécution suite à la prise des pouvoirs de Pinochet. En effet, le groupe MIR était fervent de Salvador Allende, le président déchu, en plus d'être engagé dans une mission "que convoca a toda una cultura revolucionaria de generosidad, compromiso y entrega en la construcción paciente y decidida de una alternativa popular y revolucionaria en el Chile del hoy capitalista neoliberal y explotador"3. En somme, les circonstances de l'immigration d'Etcheverry, exilé en provenance d'un pays d'Amérique du Sud, plus pauvre et en proie à des tensions politiques, expliquent la fascination de la voix poétique pour le mercantilisme ('K-MART'). La contrainte à l'exil et ses convictions politiques (MIR) justifient la frustration et l'obsession nostalgique envers la civilisation d'origine. Bauer, quant à lui, n'immigra pas par la suite de menaces ou de persécution, il quitta l'Allemagne en 1952 de son propre chef. Cependant, comme le notent Rodney Symington et Hartmut Froeschie, deux critiques de la littérature allemande-canadienne, il s'agissait pour Bauer d'un exil personnel. Plusieurs de ses publications furent censurées sous le régime hitlérien et il se vit obligé de servir dans l'armée nazie durant la guerre, sous peine d'être lui-même emprisonné ou encore tué. Bauer était optimiste et s'était forgé des idéaux d'une « nouvelle Allemagne » d'après-guerre plus humaniste. Devant la déception et le sentiment de culpabilité d'avoir servi son pays, agent des atrocités de l'holocauste, il décida d'émigrer vers le Canada. L'exil volontaire de Bauer se traduit par un rejet de la civilisation d'origine par la voix poétique. Le désir déçu de l'auteur de voir l'Allemagne devenir un exemple pour l'humanité se transfère sur la civilisation d'accueil sous la forme de l'idéalisation de la « sagesse totalisante » de la nature canadienne. Les deux poèmes font également des références culturelles à la civilisation d'origine qui ne sont pas restreintes au pays d'origine mais à une culture commune. Dans « Perro con alas », la référence « Garcia Lorca » désigne un écrivain de l'Espagne et la référence « Heidegger » désigne un philosophe allemand. Dans « Canada », la référence « Platon » désigne un philosophe grec et « Rembrandt », un artiste hollandais du XIXe siècle. Il s'agit donc d'un exemple des éléments ethnoculturels qui s'extrapolent au-delà d'une ethnicité limitée à l'État nation. Il s'agit donc d'une appropriation culturelle associée à la diffusion extraterritoriale du savoir. La place de la littérature immigrante en langue étrangère Enfin, je m'attarderai brièvement aux relations de la littérature écrite par Etcheverry et par Bauer en rapport avec l'institution littéraire au Canada. Quelle est la place de cette littérature? La littérature immigrante en langue étrangère s'inscrit-elle dans le corpus de la littérature nationale? Dans leurs observations de la littérature nationale québécoise, Moisan et Hildebrand n'incluent pas le corpus littéraire en langue étrangère dans la littérature québécoise. N'y figurent parmi les immigrants que les écrivains ayant publié au moins une œuvre en français au Québec. Au lieu, ils la renvoient au domaine littéraire de la langue maternelle (c'est-à-dire la littérature allemande ou la littérature du Chili). En traitant de ce sujet dans le cadre de la littérature canadienne (anglophone), Smaro Kamboureli s'en tient également à une telle distinction de la place des écrivains de langue étrangère au Canada. Étant donné le tirage et la réception limités de la littérature en langue étrangère au Canada, il est facile de ne pas tenir compte de cette littérature à l'échelle nationale. Tout comme Walter Bauer et Jorge Etcheverry l'ont fait, les écrivains de langue étrangère conservent généralement des liens solides avec les cercles littéraires du pays d'origine afin de continuer à publier dans leur pays d'origine. Au Canada, les publications de ces auteurs connaissent un tirage et une reconnaissance qui se limite à peu près à celle de leur entourage immédiat. L'intégration de ces auteurs est difficile et il ne semble pas y avoir de solution à l'horizon, comme le démontrent les études de Moisan et Kamboureli. Par conséquent, certains de ces auteurs ne cherchent plus l'intégration à la littérature au Canada, mais plutôt par l'Internet. En effet, il semblerait que le futur des écrivains immigrants en langue étrangère sera remis entre les mains des institutions virtuelles sur le Web. Comme le reconnaît Etcheverry lui-même dans une entrevue qu'il m'accorda en janvier dernier, la rapidité des communications par courrier électronique et la diffusion de la littérature par des magazines littéraires sur le Web, permet aux écrivains immigrants et exilés qui désirent publier dans leur langue maternelle de maintenir le contact avec les amateurs de littérature et les éditeurs de leur pays d'origine. Selon toute évidence et en s'appuyant aux propos d'Etcheverry, il semblerait donc que les futurs écrivains immigrants en langue étrangère pourront continuer leur activité créatrice malgré leur exil ou leur émigration sans devoir s'intégrer linguistiquement ou culturellement à leur nouvel entourage. Il remarque que "ahora el asunto es que en este momento, como hay más conexión a través digamos de medios como la Internet es mucho más fácil conectarse con autores chilenos, de algún modo eso contribuye a que la integración cultural ahora es menos relevante..." Si nous laissons cette littérature prendre sa place dans le monde virtuel sans lui accorder une reconnaissance (ce qui est le but la politique du multiculturalisme) dans la réelle institution littéraire canadienne, la société canadienne en sortira grande perdante. Conclusion Comme je l'ai montré, l'expression de l'expérience d'immigration dans la poésie de Walter Bauer et de Jorge Etcheverry permet de contextualiser l'expression de l'expérience d'immigration. La voix poétique dans chaque texte oppose des références aux civilisations d'accueil et d'origine permettant de reconnaître les conflits qui s'opposent entre les civilisations. Dans le poème « Perro con Alas », la voix poétique représente le refus de reconnaître des qualités culturelles la civilisation d'accueil dans le but d'exprimer son refus à affronter l'inévitable réalité de l'exil et la nécessité d'intégration. L'intégration à la société canadienne n'est rien de plus qu'une perte de l'individualité de l'immigrant et de l'affrontement avec son soi rien de plus que commun, dépourvu de l'entourage ethnoculturel qui affirme son individualité. Dans le poème « Canada », la voix poétique exprime la supériorité de la civilisation d'accueil sur la civilisation d'origine. Contrairement au rejet de l'intégration à la civilisation d'accueil dans « Perro », la voix poétique dans « Canada » rejette la culture de la civilisation d'origine à la recherche d'intégration dans la civilisation d'accueil. Par mon étude, je montre sans équivoque que la littérature en langue étrangère est importante pour son contenu, riche en connaissances ethnoculturelles, et ne doit pas être ignorée en tant qu'objet dans les recherches ethnique comme elle l'est déjà dans l'institution littéraire au Canada à cause de la frontière du langage. NOTES 1. Bibliothèque nationale du Canada. Proyecto Adrienne: Une entente Canada-Chili. 22 janv. 2002(19 fév. 2004) 2. Clarkson, Adrienne, Hon. "Speech on the Occasion of a State Dinner Hosted by the President of the Federal Republic of Germany." Governor General of Canada. 24 Oct. 2001. (17 Feb. 2004) 3. Movimiento de Izquierda Revolucionaria. En el camino del Poder Popular. 15 de Agosto 1965 - 15 Agosto 2003. http://chilemir.tripod.com. (19 feb. 2004). BIBLIOGRAPHIE Clarkson, Adrienne, Hon. "Speech on the Occasion of a State Dinner Hosted by the President of the Federal Republic of Germany." Governor General of Canada. 24 Oct. 2001 (17 Feb. 2004) Bauer, Walter. The price of morning: selected poems. Henry Beissel (ed.). Vancouver: Prism International Press, [c l968]. Bibliothèque nationale du Canada. Proyecto Adrienne: Une entente Canada-Chili. 22 janv. 2002. (19 fev. 2004) Dupuis, Gilles. Les écritures transmigrantes: les exemples d'Abla Farhoud et de Guy Parent. Colloque International : Littérature, immigration et imaginaire au Québec et en Amérique du Nord. 12 et 13 mars 2003, Université du Québec à Montréal. Etcheverry, Jorge. El evasionista/The escape artist; poems. 1968-1980. 1era. ed. [Ottawa]: Ediciones Cordillera, c l981. Kamboureli, Smaro. Scandalous Bodies. Diasporic Literature in English Canada. Don Mills, ON: Oxford University Press Canada, 2000. Moisan, Clément, et Renate Hildebrand. Ces étrangers du dedans : Une histoire de l'écriture migrante au Québec (1937-1997). Québec : Notabene, 2001. Movimiento de Izquierda Revolucionaria. En el camino del Poder Popular 15 Agosto 1965 – 15 Agosto 2003. (19 feb. 2004). Joseph Pivato, Steven Tôtôsy de Zepetnek, and Milan V. Dimic,(eds.). Literatures of Lesser Diffusion Les Littératures de moindre diffusion Spécial Issue of Canadian Review of Comparative Literature Revue Canadienne de Littérature Comparée (Canadian Comparative Literature Association) 16.3-4 (1989): 555-884.

Sunday, July 13, 2008

Notas sobre la poesía en español en Canadá

Jorge Etcheverry Si bien hay antecedentes previos, la literatura latinoamericana en Canadá originada en la segunda mitad de los setenta era básicamente una producción exilada, resultante de las migraciones y exilios fruto de la situación en América Latina. Pero una vez que el poeta se ha radicado, su situación actual entra inevitablemente a formar parte de su temática. Junto a las ventajas materiales, un régimen democrático formal y los servicios sociales a los ciudadanos, el poeta capta los aspectos negativos de la sociedad desarrollada post industrial. Este contexto crea puntos de contacto entre poetas exilados de convicciones ideológicas y generaciones diferentes. Una misma visión negativa de la vida en Norteamérica se advierte en poemas de Jorge Camacho, cubano anticastrista y Salvador Torres, exilado salvadoreño. También en Alfredo Lavergne, quebecois de origen chileno, en mi misma poesía, y en los representantes de una nueva generación como Carlos Pérez, de origen venezolano y Felipe Quetzacoatl Quintanilla, joven poeta salvadoreño mexicano. La relativa abundancia y articulación de esta poesía desde su origen se debe a la abundancia de cuadros políticos e intelectuales de clase media urbana en el exilio latinoamericano de los setenta y ochenta, sectores con formación universitaria, que usan la palabra escrita en su vida política, personal, profesional y social. Este es el caso de los poetas chilenos llegados a mediados de los setenta, que fueron la primera manifestación colectiva de una poesía hispánica en el país, y cuyas primeras compilaciones aparecen en la revista Anthos, volume two - numbers one and two - 1980, editada por Patrick White y la revista Reembou, revue plurilingue de poésie, n. 1, déc. 1979. Esta poesía era de lenguaje variado, reflejando la diversidad textual y estilística que caracteriza a la poesía hispánica. Sus precedentes en el país fueron el surrealista chileno Ludwig Zeller y Rafael Barreto-Rivera, poeta experimental puertorriqueño, miembro del conocido grupo The Four Horsemen. El exilio chileno, fuera de bastantes poetas, pecado natural del país, ya que “en Chile se levanta una piedra y sale un poeta”--, aporta una organización que se manifiesta en eventos y publicaciones que permiten aglutinar a una presencia literaria y poética latinoamericana made in Canada, dando cabida a manifestaciones diversas, en que el elemento literario chileno participa como una parte de una literatura latinoamericano-canadiense en ciernes. El primer primer evento importante de esta literatura tuvo lugar en 1987 en York University, organizado por Alex Zizman, y sigue siendo la reunión más ambiciosa hasta la fecha, ya que reunió a autores latinoamericanos y canadienses de nota junto a escritores latino canadienses. Otros recuentos y antologías marcaron ese período; la de literatura chilena en Canadá de Naín Nómez, donde predominan los poetas, como en su nota sobre poetas hispánicos publicada en 1984 en la Revista Canadiense de Estudios Hispánicos; la muestra de Margarita Feliciano de poetas chilenos exilados en Canadá en Nouvelle Europe, de Luxemburgo, en 1985. El enfoque “canadiense” y el “latino” confluyen en la antología temática de 1992 Compañeros, de Hugo Hazelton y Gary Geddes, que reúne a poetas y prosistas canadienses e hispanocanadienses. Surgen posteriormente antologías y muestras de poesía latinoamericana en Canadá como La presence d’une autre Amérique1989, Montreal, publicación colectiva que reúne a 15 poetas de Chile, México, Salvador, Venezuela y Colombia, y también de Québec; Enjambres: Poesía latinoamericana en Québec,1990, de Jorge Etcheverry y Daniel Inostroza, siendo la más reciente Boreal que coedité con Luciano Díaz, Ottawa, 2002, la más completa hasta ahora. Aquí se muestra la diversidad textual de la poesía latinoamericana, que incluye autorreferencia, metalenguaje, lirismo, nostalgia, pluralidad discursiva, realismo mágico, antipoesía etc. Hubo situaciones determinantes para los autores del exilio latinoamericano, como el fin de la guerra fría, que modifica los parámetros de la situación mundial pero no el estado de cosas que provocó los conflictos sociales y políticos en sus países de origen. O la globalización económica mundial, que hace a estos autores confrontar nuevas alternativas vitales. Quienes no retornaron a sus países al fin de las dictaduras o los conflictos internos cambian su marco de inserción en la nueva sociedad canadiense. El exilio se detiene y pasa a predominar una inmigración más tradicional, para la cual el aquí y el ahora tienen menos matices de nostalgia y utopía frustrada. El componente temático político comprometido disminuye para ser reemplazado por la problemática de la identidad y de la inserción en la nueva sociedad. El público y la crítica de la cultura hegemónica canadiense piden que junto a la represión y el estado de los derechos humanos en América Latina, aparezcan los temas de la adaptación y el choque o armonía de las identidades culturales en Canadá. La poesía comprometida pasa a ser patrimonio preferencial de grupos culturales de izquierda basados en la solidaridad y que funcionan ligados a la comunidad latinoamericana en los centros urbanos mayores, pero conectados con América Latina, como Sur de Montréal, una de cuyas actividades principales es la solidaridad con Cuba y que es uno de los organizadores de sus encuentros internacionales de escritores. Otro fructífero ejemplo de la inserción comprometida/progresista es Poetas Antiimperialistas de América, pionera empresa virtual que publica además libros en papel y cobija a varias revistas virtuales y a decenas de poetas americanos en su portal, varios de los cuales son hispanocanadienses. Hay otros fenómenos que contribuyen al contexto actual de la poesía latinocanadiense. Junto a la expansión mundial del libre mercado y a la consolidación del modelo económico neoliberal, surgen corrientes en la periferia/marginalidad--internas y externas--, que desafían la existencia de un centro que dictamina cómo se debe escribir y lo que debe gustar. Los cánones universales de la literatura occidental se ven cuestionados por las expresiones post y neo coloniales. Desaparece del horizonte ideológico izquierdista la clase social, con su antagonismo de poseedores de medios de producción y capital versus los trabajadores que venden su fuerza de trabajo. Los sectores marginales, culturales, étnicos, genéricos, etc. en la sociedad canadiense piden y ejercitan el derecho a su propia expresión. Ya no se trata exclusivamente de reemplazar el estado de cosas vigente por otro más justo, sino que se pide integración, participación e igualdad de trato y oportunidades. En términos del quehacer literario, cultural y poético, la figura del autor crítico y distanciado de la sociedad que cuestiona irónicamente la sociedad y el sistema, da paso a la del autor que es portavoz de los grupos minoritarios o marginados genéricos, etnoculturales o entregados a un estilo de vida particular, a quienes representa o a que pertenece. Las reglas vigentes del sistema económico y social no son cuestionadas de la misma manera. En el marco homogéneo del sistema se intenta la afirmación de la identidad e individualidad más aparentes, en el estilo de vida, el lenguaje y las preferencias de consumo, pero además hay otras expresiones que erosionan el así llamado ‘discurso maestro’, y que constituyen una expresión de opciones políticas no siempre disponibles. La poesía se testimonializa. Las instituciones culturales y el público lector piden que el poeta inmigrante/exilado represente su realidad y sus orígenes. Esta nueva realidad sitúa a los poetas latinocanadienses en una situación paradójica. Si bien provienen de un área periférica y neocolonial, producto de la conquista y colonización europeas, no se puede calificar a la literatura latinoamericana como subordinada a un discurso maestro, es decir a un discurso, en este caso literario, cuyos parámetros son impuestos desde un centro colonizador o imperial que dicta la correción y el gusto en el contenido y la forma. La primera poesía exilada latinoamericana en Canadá con perfil más o menos definido -la chilena—al comeinzo provocó en el público lector y en la crítica un cierto entusiasmo mezclado con malestar al percibir rasgos de una complejidad “continental”. A la vez había y hay cierta desconfianza frente a recursos estilísticos comunes en la poesía de procedencia hispánica, por ejemplo el surrealismo poético, la poesía comprometida y la antipoesía, la presencia de textos intergenéricos, que son históricamente ajenos a la literatura canadiense, que nunca gustó del vanguardismo o de la literatura “experimental”. Pero además existe el deseo de relatar historias, de hacerse oír, más urgente a medida que la sociedad se estandariza. Esto incluye el rescate del pasado colectivo del grupo a que se pertenece o se opta por pertenecer. El público lector pide accesibilidad y esto tiende a reducir a la literatura al testimonio y a la expresión de sentimientos. Se imponen nuevas necesidades de gusto poético por la presencia avasalladora del espectáculo en los medios de comunicación y el ingreso al mercado de nuevos grupos consumidores con poder adquisitivo para obras que están fuera de los cánones culturales tradicionales. El intento de rescate de la identidad hace que ahora sean legítimas algunas características que antes se consideraban como pecado contra el buen gusto, como el cliché, el dramatismo, los personajes unidimensionales, la exageración, la falta de distancia irónica y paródica del autor frente a lo que muestra en su obra. El lector así llamado culto cerrará el libro con disgusto, pero otros lectores aceptarán esos mismos poemas con emoción Hay también en la sociedad desarrollada global un proceso de simplificación extrema. Para tener acceso a la mayor cantidad posible de consumidores el proveedor comercial de cultura opta por el denominador común más bajo, más al alcance de todos, menos complicado, que en su caso extremo da lugar al “Gumpism” “...the identification of virtue with mental impairment” (Dreams of Millenium. Mark Kingwell, Penguin, 1996, 44, ). En el caso de la poesía hispano canadiense, las demandas del sistema se hacen sentir menos porque la literatura latinoamericana en Canadá, básicamente escrita en español, se dirige a un mercado restringido y es de todas maneras es diferente a la literatura de corriente principal. Este mercado seguirá siendo reducido, porque es probable que esta literatura y poesía mantengan sus características diferenciales, ya que las comunicaciones virtuales y la globalización han vuelto a conectar a muchos de estos poetas con la poesía latinoamericana. Me atrevería a afirmar que la literatura en español de Canadá, como la de Estados Unidos, pertenecen a la literatura latinoamericana. Y en Canadá no hay vasos comunicantes para que una literatura subordinada como la hispanocanadiense pase a la institución literaria, salvo en casos particulares. Pero sí existen de hecho necesidades de memoria, registro, entendimiento, expresión y afirmación de la identidad cultural de la comunidad hispanohablante, ya que a pesar del retroceso institucional de las políticas de multiculturalismo, Canadá es cada vez más pluriétnica y pluricultural. La utopía posible del pasado ha desaparecido en el caso de los poetas exilados e inmigrantes y sus países de origen ya son otros. Aunque el desarraigo y la nostalgia sobrevivan como temas, junto a otros temas y formas de expresión que hacen que esta poesía sea un ejemplo de la multifacética poesía latinoamericana. Implantados definitivamente en esta sociedad, la comunidad latinoamericana y sus autores negocian su lugar y papel en la nueva sociedad. Uno de sus elementos principales es la cultura, dentro de ella literatura y principalmente la poesía, y los posibles valores que pueda entregar a la sociedad anfitriona, por ejemplo el hecho de provenir de la única civilización definitiva e irrevocablemente mestiza, con todo lo que ello implica en un tiempo de crecientes conflictos interraciales.

Thursday, July 10, 2008

Un simposio sobre la obra de Nela Rio

Jorge Etcheverry Hace no mucho se celebró en Ottawa la obra de una de las autoras hispanocanadienses más destacadas, la poetisa, narradora y artista visual de origen argentino Nela Rio. Su trabajo ha sido publicado en España, Argentina, Chile, Puerto Rico, México, Uruguay, Polonia, Brasil, Honduras, Estados Unidos y Canadá y entre sus libros se cuentan los volúmenes de poemas Túnel de proa verde/Túnel of the Green Prow; Cuerpo amado/Beloved Body y The Space of Light/El espacio de la luz, este último de poemas y relatos. Antes de radicarse en Canadá, Nela participó en las comunidades de base argentinas de los años sesenta y setenta. Su obra tiene como uno de sus temas principales los efectos del poder distorsionado y arbitrario en las existencias individuales y colectivas, sobre todo la violencia que sufre la mujer, las omnipresentes situaciones de abuso de que es objeto y los vasos comunicantes que conectan estas situaciones particulares con la violencia y represión generalizadas que ejercitan las dictaduras. Estos temas atraviesan una obra lírica y narrativa que además escudriña la finitud de la vida, básicamente desde la perspectiva femenina, en su doble dimensión negativa y positiva, y que no retrocede ante el aspecto corporal, físico, que trata con una entereza y coraje poco habituales. Su obra se integra con su trabajo en pro de los derechos humanos, los exilados y refugiados, la comunidad en general, y en favor de la difusión de la expresión escrita y visual, sobre todo de estímulo a la creación literaria, que se expresa por ejemplo a través de su participación en la iniciativa de las exhibiciones internacionales de poemas póster, que ejecuta y coordina, y del Registro de autores creativos de la Asociación Canadiense de Hispanistas, que codirige, y que es una iniciativa que brinda espacio en el web a las obras y actividades de autores hispano canadienses y latinoamericanos en general El homenaje a esta autora se tradujo en un verdadero cuerpo de trabajo crítico sobre su obra, en el sentido de que estas ponencias y comentarios, al ser producidos y leídos para un evento centrado en un creador, cohesionan diversas facetas que aspiran a establecer el perfil creativo, la proyección holográfica de un escritor. Este evento, el segundo de su género, lo posibilitó la Red Cultural Hispánica de Ottawa, organismo (codirigido por Ramón Sepúlveda y Gabriela Etcheverry), que en su existencia bastante breve se ha anotado ya bastantes porotos de facilitación cultural y ha venido a suplementar al tradicional Taller Cultural El Dorado, serie de lecturas que trajo a Ottawa la combinación de poesía y bohemia propia de las sesiones de lectura en los bares y cafés de las grandes urbes del mundo de habla hispana. Este simposio es el segundo de una serie de conferencias sobre autores hispánicos en Canadá, el primero de los cuales, que tuvo lugar en junio del año pasado, se centró alrededor de mi obra (Jorge Etcheverry). La Red ya ha anunciado que para el próximo año se ha escogido al novelista y cuentista húngaro argentino Pablo Urbanyi. Así, de alguna manera, se irá construyendo una serie de monografías que irán diseñando el perfil de la naciente literatura hispano canadiense. Este segundo evento reunió a profesores universitarios, críticos y autores de Montreal, Québec, Calgary, Alberta, Estados Unidos y por supuesto Ottawa, lo que dio testimonio tanto de la dimensión de Nela Rio como autora, como de la creciente importancia de la literatura canadiense producida en castellano. Esta producción cultural forma parte (indiscutible e inevitable) del mosaico multicultural canadiense, pero tiene lazos estrechos, no tan sólo temáticos e ideológicos, sino formales y de tendencia y estilo con la literatura hispanoamericana Hay diversos autores hispano canadiense que ya forman parte o están conectados con esta literatura. Se puede afirmar que, en los últimos años, varios de estos autores han visto cómo sus publicaciones tanto en papel como virtuales en el ámbito latinoamericano y español, han aumentado en relación a sus publicaciones en Canadá. Muchos escritores que llegaron como exilados o emigrantes de América Latina están empezando a tener reconocimiento y aceptación en su país de origen y en el continente en general. Esta jornada se llevó a cabo en ese magnífico y acogedor espacio de divulgación de la cultura no tan sólo mexicana, sino hispanoamericana e hispanocanadiense, que es la sede de extensión de la Universidad Nacional Autónoma de México (UNAM) en Gatineau, Quebec. Después del término de la reunión en esa sede universitaria, esta jornada siguió su curso en un salón casi privado en un restaurante francés de los alrededores, donde la esencia misma del término ‘simposio’ en su significación platónica, se pudo concretizar en su doble acepción de ocasión gastronómica e intelectual, además de etílica moderada, ya que la Wikipedia dice que ‘simposio’ que quería decir ‘banquete’ en griego antiguo, significaba literalmente “reunión de bebedores” Y así le hicimos honor a nuestra tradición a la postre occidental, ya que en este broche de oro, junto a la exposición y el debate centrado en torno a la obra de Nela, no faltó el líquido elemento para brindar básicamente por la autora y su obra y por esta fructífera iniciativa de la Red Cultural Hispánica. Por último, cabe anunciar que los libros de la serie Autores hispanocanadienses que organiza la Red Cultural Hispánica se publicarán en línea a partir de julio 2008 en el sitio de la revista literaria Qantati (en construcción).

Wednesday, July 2, 2008

Lenguaje, realidad y memoria en la poesía de Jorge Etcheverry

Texto sobre mi obra poética del profesor y crítico chileno Fernando Veas Mercado, residente en Canadá, que iba a formar parte de un DOSSIER ETCHEVERRY, a publicar en la revista NAGARI En mi intervención sobre la poesía de JE me voy a referir a ciertos aspectos lingüísticos; se trata de prosismos, expresiones coloquiales, dichos, frases hechas referidas al mundo inmediato del hablante poético que se caracterizan por su discursividad y que estructuran una visión reflexiva. Poesía caracterizada por un aparente casuismo que sobrepasa lo anecdótico con una expresión, despojada de imágenes previsibles. Normalmente, el hablante de los poemas de Etcheverry es un yo poético que quiere evitar el sentimentalismo para adentrarse en una expresión más rica y auténtica que corresponde a la concepción del poeta como un testigo que habita una realidad, muchas veces hostil, en la que debe desenvolverse sin olvidar sus principios. 01. En los poemas hay ironía, humor, lirismo, alusiones, guiños y referencias que conforman una realidad con un espacio privilegiado: la ciudad, en sus dimensiones deshumanizadoras y amenazantes pero también en sus atmósferas habituales e incluso, reconfortantes. En esa realidad hay seres de todo tipo. Hay también mucho vuelo, pájaros, ensueños y deseos y valores suspendidos salvados por una memoria activa que configura una personalidad poética poseída por un temple de ánimo en el que predomina la nostalgia, la memoria y la clarividencia. 02. En mi opinión, la poesía de JE es una mirada atenta, penetrante y lúcida sobre la realidad. Sus textos plasman ese mundo en términos y formas atípicas que configuran un estilo que, a veces parece diluirse, cambiar o desaparecer, pero que vuelve con fuerza en otros poemas en los que la utilización de las palabras no es nunca ajena a un hablante poético siempre asombrado ante la realidad a la que trata de arrancarle sus verdades, inconsecuencias y todo lo que la hace deleznable o para insuflarle un poco de humanidad. 03. Me voy a referir sobre todo a los libros El evasionista (1981) y Tánger (1990). También diré algo sobre A vuelo de pájaro (1990), Vitral con pájaros (2002) y Reflexión hacia el sur (2004) los tres últimos son antologías con poemas de diferentes épocas. Hablo de ellos cuando me permiten incluirlos en temáticas trabajadas o en un posible proyecto, en mi opinión. Leí dos otros conjuntos de poemas en internet. Hablativo agente y Textbook, además, podemos mencionar Diario Bitácora. Otra sorpresa, en ellos figuran poemas que vienen de varios rumbos (de A vuelo de pájaro de Vitral y textos antiguos y otros recientes no incluidos en ninguno de los libros). Hay aspectos como las influencias o la reelaboración de algunos temas pero eso lo dejaremos para otra oportunidad. 04. No podré hablar de la prosa de Etcheverry, de sus relatos ni de la novela De chácharas y largavistas; tampoco de su contribución crítica original y estimable, que explora temas como la obra de Beckett, el posible posmodernismo hispanoamericano y otros tópicos tratados con sensibilidad y conocimiento. 05. Su poesía evidencia múltiples, provechosas y muy bien asimiladas lecturas, lo que para mí es nodal es la actitud con la que enfrenta la realidad y por consiguiente cómo se va armando su escritura. Naturalmente hay tópicos en sus textos. Etcheverry los revitaliza y les da un tratamiento novedoso. Eso se llama oficio pero, sin la mirada certera sobre la realidad, los trucos van a aparecer o bien, se va a desaprovechar una visión que podría ser original. Las opiniones de Etcheverry sobre los demás, es honesta y por eso algunos de sus juicios pueden parecer lapidarios ya que simplemente tiene convicciones bien meditadas. Pienso por ejemplo en su poema Antipoema de Vitral: Los poetas que leen son todos pésimos Conozco a todos los músicos Me sé sus canciones de memoria Si Dios les mandó Este desastre natural ¿Quién soy yo para aliviar su sufrimiento? (Vitral, p.71) Claro, ni tanto ni tan poco. No cito fuera de contexto (no lo hay) Simplemente para mí es un ejemplo del fresco desenfado de su poesía. Por otra parte, se autocrítica a menudo; eso forma parte de su andadura poética; La poesía como pega, Tiempo libre, Idea para un concurso, Icaro, Darwinismo son miradas sin contemplaciones sobre los poetas, el quehacer poético y su resultado. La poesía de Jorge E. Posee varias dimensiones. Es discursiva y a veces sentenciosa y reflexiva. Podríamos creer que se complace en la anécdota, pero esa estimación sería superficial. Hay siempre alusiones filosóficas, históricas y literarias que evidencian una formación sólida pero de la cual no se hace alarde. Escribe una poesía flexible en la que aprovecha muchos materiales que asume o que parodia. 1. El evasionista El libro está organizado en tres partes con 10, 11 y 12 poemas respectivamente. Cada parte podemos decir que tiene sus características propias. Tánger es un continuum, con ciertos enlaces en diferentes niveles. El hablante explicita su posición ante la poesía desde el comienzo: Alguna vez tendremos la oportunidad de dejarnos llevar por una manera de decir que toque los extremos del mal gusto… (El Evasionista, 10) Pero está la vida por el otro lado: Estamos sujetos al amor y la estulticia, a la traición, a la mantención del cuerpo y el alma,... Ibíd. Esta doble vertiente alimentará esta poesía y Heidegger se desliza en una alusión: la de que el hombre es un ser para la muerte. El hablante está cercado. Escribe sin pretensiones pero se dice “sale pa´llá…” que es la primera autoapelación, escribir, sin pretensión pero, escribir ya lo es, de ahí ese recordarse esa especie de pequeña hipocresía y acto seguido una alusión a como se puede enriquecer un texto que no deja de recordarme el prólogo del Quijote. Acto seguido, encadena con un prosismo: Volviendo al tema… Los chilenos somos todos poetas….Creo que en estas primeras páginas ya tenemos lo que será la constante de la poesía de Etcheverry que se aumenta con: Suspendamos un momento esta letanía para rendir un homenaje a todos aquellos que usaron alguna vez una manera de decir que de algún modo está presente en la intención de estos escritos. (El evasionista, p.12) El homenaje a poetas: Ginsberg, Perse, Lautréaumont, Eliot, define una concepción primera de su poesía. También la lectura de Esquilo, de sus párrafos rítmicos como respuesta a la poesía chilena de los 60 que se limitaba: “a una sola imagen trabajada con esmero que, traducía una impresión al alcance de todos la restricción del lenguaje nacida de la asunción de una parquedad supuestamente telúrica” (El evasionista, 14) Pero también están Beckett, Rimbaud y Whitman y Pound y de Rokha. En algunos textos de El evasionista hay el deseo de constituir una poesía que se aleje de la imagen tradicional y que pueda fundirse con lo habitual que, sin embargo, no es fácil de penetrar, de ser conocido porque en la expresión acecha el sentimiento que entorpece. La poesía implica perder esa sentimentalidad y acostumbrarse a otra, que implica una nueva relación con la realidad, aparentemente reducida pero, en el fondo, más rica y auténtica. El hombre debe elevarse renunciando a los estimados valores sociales burgueses, pedestres y ordinarios, debe dejarse llevar por los sueños pero sin renunciar a lo humano, a la vitalidad, a la aceptación de la fuerza genésica que será asumida sin disfraz y, sobre todo, sin renunciar a la historia. Pero, siempre volvemos a nuestros gastados ritos, porque es difícil o imposible mantener ese ritmo. Las imágenes del mundo poético son variadas, son elementos que a veces se deshacen o chocan o son completamente ajenos al mundo habitual del hablante poético. Por otra parte, éste muchas veces no se siente único, como realizando una labor primigenia. Elabora sus textos a partir de ciertas consideraciones que lo tocan esencialmente y que son elementos banales o habituales de toda existencia. Pero justamente la observación y la reflexión evidencian la profundidad de la mirada sobre la situación en la que se encuentra una conciencia que debe desenvolverse, penosamente, en esa realidad. El hablante se percata que lo grandioso no es materia poética en sí y además, porque se ha abusado tanto y con lenguaje hueco pero también rechaza la poesía hermética, que ha conducido muchas veces a una poesía que se pilla la cola en su hermetismo. No se da el trabajo de definir esa materia, simplemente vive y escribe. Simplemente, la vida, como dijo Rimbaud. Pero, por otra parte, el hablante recorre otras atmósferas, reside o deambula imaginativamente en otras regiones prestigiosas, hasta míticas, en las que casi en ensueño, se integra. Otras veces son recuerdos de momentos de un pasado mítico o legendario lo que de alguna manera contrasta con la situación a que hemos aludido antes, la ordinaria. Cosas 1, Fragmento 1 Ahimsa, Fragmento 2. Varios poemas con estas características resultan herméticos, con imágenes que se van sucediendo, a veces, en un sistema personal difícil de penetrar. Sin embargo, el hablante termina por volver a un contacto real sin abandonar ese planeta. En una especie de violencia que lo determina, a la que no puede escapar. La vida gana la partida. A lo largo del libro la expresión más cerrada se va aplacando hasta concrecionar el programa declarado al principio y el libro termina con esa etapa insoslayable para el hablante poético que no se quiere falsear. Por eso, creo, Tánger conserva sólo algunos aspectos de ese primer libro y veremos cómo en los libros posteriores, que Etcheverry presenta como selecciones, podemos discernir una organización en torno a principios que todavía están marcados por la búsqueda, poco a poco se van afiatando y ya tendremos el Etcheverry definitivo que no ha dejado atrás, sus convicciones, sino una cierta manera de escribir primera aunque no completamente. Ese intento del poeta debe ser aplazado: Quisimos abandonar la imagen y llegar a las cosas, que reptan en torno a nuestros pies- No tenemos todavía preparada la pupila Pero me dijeron que podría perder un ojo –el izquierdo- el ojo del corazón, que tuerce y disfraza. (El evasionista, Fragmento 4, 48) El intento de producir una poesía si no más objetiva, despojada del sentimiento, no es fácil ya que si lo perdemos, en función de la pasión humana, se corre el riesgo de no llegar a nada. Por eso, en otro poema ha dicho que hay que equilibrarse en la cuerda floja. Las circunstancias en la que se encuentra el hablante son privilegiadas, pero, se miran bien: “Un día, un cataclismo ha de hundir esa franja de tierra en el Pacífico. Mientras tanto, démonos el lujo, la tranquilidad y el tiempo, para producir poesía, vinos, regímenes y teorías sociales”. (Tánger, 13). Es patente el deseo de escribir poesía no sentimental: “Enarbola como una bandera la expresión de la perplejidad/esconde tus pensamientos bajo la almohada para que compruebes su desaparición a la mañana siguiente./Acelera el ritmo de tu corazón vacilante, ponlo al ritmo de las candelas y las luciérnagas/ no ejercites tu cabeza, no demuelas tus pupilas con todos estos inútiles ejercicios. (El Evasionista, p.98) El poeta es libre, nadie lo puede obligar a: “hablar con voces gastadas”. En el poema El sopor de los pájaros II explicita la necesaria sintonización entre emisor y receptor que no parece lograr la poesía tradicional ni la nueva en sus comienzos, o tal vez, nunca: “La anulación de la voz se explica por la trituración de los sujetos. La obscuridad de la voz por la confusión del escucha” (El evasionista, 104) No entra en disquisiciones sobre angustias existenciales o nebulosos conflictos, no se alude a las materialidades que impiden al receptor oír y más todavía, comprender cabalmente el discurso poético. Dispara iluminaciones que construyen en el texto la situación de acogida y lectura del poema sin caer en un falso historicismo o análisis sociológico que le quitarían ésa, lo diré, elegancia, que aparece en sus poemas a pesar del tono francamente desenfadado, apelativo, directo. Gracias a eso logra constituir su otro yo, ese posible cómplice, ese igual del que nos habló Baudelaire: “No escuches las palabras demoradas y roncas, la interminable consolación del Pensamiento General, tan apreciado en el curso de la historia. No te distraigas en la Forma de proclamas y boletines, Ejercita tu vuelo breve, como una codorniz herida de una balazo, que sin embargo salta de acá para allá una vez que se aleja el cazador (...) Enróllate sobre ti mismo como el quirquincho, proyecta hacia afuera el abanico de tus púas como el puercoespín”. (Ibíd.) El poeta y su poesía llevan una vida dura, de coraje: libra una batalla que seguramente no puede ganar: “La palabra del mago ya no se escucha por los altoparlantes, no se difunde por los periódicos ni grita desde las aulas (...). El Gran Sueño se aleja a nuestras espaldas a medida que el calendario avanza, a medida que se acumula el metal en nuestras articulaciones” (El evasionista, 108). A pesar que la lucha por ciertos valores persiste en otros lugares del mundo, que no son la patria del hablante, y que él y sus congéneres parezcan subsumidos en metafísicas lecturas, que el yo desaparezca debajo de la nieve, el hablante se define como un fantasma o como alguien que debe nacer de nuevo o como alguien que trata de poner una distancia entre él y los demás. No es ajeno a esto la imagen del poeta, como voyeur, como mirón u observador pero, al mismo tiempo, voyeur en el sentido de vidente. Estos cambios propiciados, este cambio en el pensamiento poético, esta búsqueda para salir de las brumas constituyen los signos distintivos de esta poesía. Pero hay ciertas dudas respecto a esto último ya que no hay la misma claridad religiosa o política o de alguna tendencia espiritual o histórica; el hablante es prácticamente un huérfano. Ese casi estado de yecto engendra una poesía laica, ajena a presencias no poéticas o que tamiza las influencias. Al poeta, sólo le queda seguir viviendo, seguir escribiendo, seguir siendo poeta. Hay que notar que Etcheverry va constituyendo su propia referencialidad: el uso de mayúsculas o la canonización, podríamos decir de ciertas alusiones que si a veces tienen algún correlato, otras simplemente son creaciones, imaginaciones en el sentido de construcciones. Hay una oscilación entre una referencialidad histórica en muchos poemas o en versos de poemas y otra referencialidad estrictamente textual. Y otras, claro, casi retórica o convencional: gatos, cuervos, palomas, ratas.... Pero lo esencial para el hablante vuelve siempre: “Los observadores impersonales no tocan el corazón de las cosas. Nos ven pasar con sus ojos sin entrecejo. Intento fundamentar la fecundidad de estas frases (cómo estamos). Crece el pasto debajo de la nieve. El yo desparece detrás del tumulto de las frases, de la hinchazón del verso largo”. (El evasionista, 112) Otra vez la torsión lingüística, la pirueta humorística, la autocrítica por dejarse llevar por la grandilocuencia. El gesto no es gratuito, corta un flujo que es el que el poeta desea abandonar...y le cuesta, debe estar vigilante. El evasionista se cierra con Epitafio a la escuela de Santiago que es un balance: Debemos al menos reconocer EL PASO DEL TIEMPO. En Toronto se aburguesan imperceptiblemente Los maestros, ahora podemos nombrarlos, MAESTROS DE TORONTO (...) -Entretanto hemos dejado entrar OTRA GENTE por la ventana que de algún modo ha pasado a DETERMINAR aspectos de nuestra vida -No se puede decir que vivamos descomprometidos. Uno que otro poema aparece publicado en revistas (El evasionista, 114) El hablante intenta seguir en su línea y si se contamina un poco, por otro lado se renueva tratando de escapar a la vida cotidiana. Pero de todas formas: Algunos seguimos ligados a una revolución que a lo mejor Es un sueño. “Ello siempre con gran entusiasmo” A lo mejor, tú, yo, ellas, debiéramos nacer de nuevo”. (El evasionista, 116) La posibilidad de recomenzar, dicho de manera dubitativa es más bien un deseo: el de tener la oportunidad de reemprender mejor la tarea. 2. Tánger En Tánger, que evoca un puerto casi mítico desde la antigüedad ya que tal vez hasta Ulises habría pasado por él y, más cerca de nosotros, lugar especial y sitio en el cual vivieron muchos poetas y artistas, varios de ellos lecturas juveniles de Etcheverry: Kerouac, Burroughs, Ginsberg, famoso trío a los que hay que sumar Bowles, Beaton, Corso, Bacon, Orlovsky, Tennessee Williams, Capote y Gysin, ¡casi nada!, una buena parte de la Beat Generation. Desde el comienzo, el tono es enunciativo: El vivía prácticamente en ese café. Conocí a una mujer que era profesional del sueño. A eso volveremos más adelante (Tánger, 9) El puerto aparece en su imagen de lo abierto y luego hay una reflexión Con un lugar común que lanza al lector hacia un pasado: La situación en que nos hemos visto envueltos tiene un montón de precedentes. En fin no hay nada nuevo bajo el sol. En este negocio parece que todo se hizo en los años sesenta. En la búsqueda de algo nuevo, no tenemos realmente dónde volver la cabeza. (Tánger, 11). Símbolos como los del puerto (Valparaíso) muestran el hormigueo vital y constituye un sitio privilegiado de contemplación, de la imaginación, que tiende a diluirse por el llamado progreso y el cambio de los tiempos que echan a la vera del camino lo que no es útil o, en esas concepciones, verdadero y que, además, mixtifican la realidad misma. La ciudad, el puerto de ahora, en el que deambula el hablante: los puertos son los esfínteres que exudan o inhalan húmedas corrientes de fluidez variables (Tánger, 15) El hablante es un protagonista que no se considera especial, que habla simplemente de algo al parecer importante y que busca sin éxito. En lo que se refiere a la poesía, está harto de tanto lugar común más bien: hay que regar la planta de la imaginación. Bañarse en los lugares comunes (Tánger, 15) Para eso: “Seamos, pues como esas gaviotas, revoloteemos sobre el irisado mar de la realidad, avizorando los peces preciados con nuestra potente vista atravesadora” (Tánger, 16). Se trata en parte de la famosa doble vista de los surrealistas porque mucho de eso hay en este libro, pero con la diferencia, creo que las asociaciones surgen, no son provocadas y, por otro lado, no son gratuitas, en el sentido que no se trata de asombrar. Más bien, para mí se trata, en el buen sentido del término de lo real imaginativo, que no mágico. Se trata de imaginación, no de fantasía. Por eso el país y los seres son caracterizados por cualidades y defectos que no provienen de un análisis estrictamente cerebral. Por eso el puerto, por eso Tánger. En esa realidad “Una lechuza canta “a lo lejos, canta”. Etcheverry opera una síntesis. Por una parte, la clara alusión al poema 20 de Neruda con todo lo que eso implica, por otra, una referencia no tan oblicua, creo, al epígrafe de El Obsceno pájaro de la noche de José Donoso y creo que el contexto parcial y total de la obra de Etcheverry me permite afirmarlo. Creo que vale la pena citar completa la frase de H. James: Todo hombre que haya alcanzado su adolescencia intelectual, comienza a sospechar que la vida no es un chiste, que tampoco una gentil comedia: sino que florece y fructifica al contrario en los abismos más trágicos y profundos de la esterilidad esencial en la que están sumergidas las raíces de su ser. La herencia natural de todo aquel que es capaz de vida espiritual es un bosque salvaje donde aúlla el lobo y grazna el obsceno pájaro de la noche”. Debemos ser: Como una roca sólida rodeada de la arena lisa Sin límites De nuestras vidas Que no van a dar a la mar Sin más (Tánger, 24) Ahora es el turno de Jorge Manrique. No, no podemos ya aceptar ese tipo de consolaciones, un sólo verso basta para rechazar una concepción jerárquica y teológica de la realidad. Debemos dejar las imágenes abstractas, debemos dormitar sin cerrar un ojo porque ( Tánger, 25) nuestra vida es precaria y la creemos banal a causa de las circunstancias. Por eso, luego, en un poema va a utilizar como caja de resonancia, otra vez, a Neruda. Me refiero específicamente al poema II de Alturas de Macchu Picchu del cual Etcheverry cita por lo menos un verso textual sin esta vez entrecomillarlo: “En qué lugar de su conversación abierta” pero, no termina como Neruda que dice... entre los almacenes, los silbidos, en cuál de sus movimientos metálicos Vivía lo indestructible, lo imperecedero, la vida”. Nuestro poeta dirá: entre el teje y maneje de los llamados del teléfono rojo Acuerdos bilaterales y multilaterales Pactos de no agresión y defensa del hemisferio Norte Sur Este Oeste Yace el deus ex machina La causa primera Del primer Motor La fuente? (Tánger, 27) Allí donde Neruda se hace una pregunta vital, trascendental, que se explica por lo dicho antes y por lo que dirá después, Etcheverry nos pone ante la técnica, la economía, la violencia, el poder poniendo con mayúsculas los términos tradicionales eufemísticos hasta terminar con los de la tragedia griega (Deus ex machina) y la teoría de la existencia de dios de Aristóteles en una violenta ruptura (Causa Primera, Primer Motor). Todavía daré otro ejemplo de esta manera. Este ser, que se mueve como los pájaros, va: Consecutivamente Como mares despoblándose Hasta dar con el cuerpo en las ciudades Del Centro, del Norte... (Tánger, 27) Neruda dice en Galope muerto: Como cenizas, como mares poblándose, En la sumergida lentitud, en lo informe. Mucho más adelante emplea como eco a Machado: Anduve por caminos pedregosos Por ciudades, vistiendo diversa lencería Me he mareado en diferentes cubiertas He navegado por los siete mares (Tánger, 63) Estas son algunas de las alusiones que encontramos. Sería interesante estudiarlas a fondo. Si me he referido a ellas es porque creo que Etcheverry echa mano a ellas por su carácter. Como las metáforas, fueron originales. Luego, el uso y abuso las trivializan. El hablante se encuentra en una situación parecida (nada nuevo hay bajo el sol, para citarlo) pero diferente, de ahí el vuelco de la expresión, su utilización en este intento pragmático del texto, en el sentido de establecer un nexo, una conexión con su lector y la situación de lectura y la real, al mismo tiempo que advierte el peligro de deslizarse en una poesía que ya es pasado y, sobre todo, que obedece a una concepción de la historia y de la realidad sobrepasada. Desde el comienzo, el hablante se ha visto como un peregrino de la poesía, como ese griego que se lanza al mar, como ese luchador no violento de Ahimsa, como el ser extraviado de los primeros poemas de Alturas de Macchu Pichu y de Galope muerto, como los narodniki que ahora puede ver como aventurerismo. Pero de todas maneras, escribir no será fácil y: Sólo podemos tocar el ángulo de las cosas con Este rápido lenguaje. Dejemos doblegar nuestras cuerdas vocales ante vuestro reclamo. Vamos al grano (Tánger, 22) Más adelante insiste: No le tengamos miedo a los lugares comunes, tan viejos como la denuncia de los mismos (Tánger, 44). Pero el afinamiento debiera llevarlo a un estilo objetivo y sobrio: Esta es la descripción de dos cosas: el puerto, las gaviotas (Tánger, 49). Agrega: Estamos de acuerdo en cuanto a la mantención de un tono más menos general Las confesiones de cada niña enamorada y cada joven aproblemado me aburren mortalmente (Tánger, 50) Cuando leemos el autorretrato (hay dos o tres) comprendemos por qué su combate por desbaratar esa poesía perimida es una necesidad vital: ¿Cómo se puede detener las acumulación y el surgimiento de las Nuevas formas amenazantes, brotadas de la experiencia misma, como diría un buen materialista, como el que esto lee, como el que esto escribe? (Tánger, 53) Estamos en un momento importante. Los poemas tienen un lector que es el otro yo del hablante. Los otros, son los de siempre, los carreristas, los preocupados de tener trabajos bien remunerados. El hablante pertenece a ésos que ha caracterizado a lo largo de los poemas y que parece ser “especie que se extingue con nuestra generación” (Tánger, 55). Sin embargo, tampoco ella puede sustraerse a ese dejarse ir: Reconozcamos el enorme desperdicio de nuestras facultades Y habilidades, de nuestro tiempo. Reblandecimos en un Nivel De Vida relativamente alto. Nos quedan como generación unos buenos diez años de rendimiento Algunos tienden a creer que las tareas revolucionarias (I said that) implican juventud, Craso error: La juventud es la era del entusiasmo fácil (Tánger, 56) El hablante dice eso porque: Desde la salida misma de la adolescencia de algún modo había Estado siempre buscando el paraíso” (Tánger, 57) Y si no lo hace de una manera, lo hará de otra, como cronista, como fotógrafo. Muchas veces en un sólo poema se producen las asociaciones que le llevan a conclusiones que para muchos no están contenidas en las premisas primeras: Una vez alguien me dijo, desnuda...hay que hacer el amor con distintas personas, con la misma persona, muchas, muchas veces...Mientras yo me inmovilizaba helado. Los buscadores de novedades no salen nunca del círculo de lo Conocido Como en el primer encuentro el joven preocupado por su Desempeño no logra alcanzar una erección Tratemos pues (y este es un consejo) De rescatar lo diferente Para eso Dios nos dio ojos y cerebro Equilibrémonos como el acróbata en esta línea delgada (Tánger, 62) Preocupación fundamental: no evitar lo que las cosas son disfrazándolas con un lenguaje falsamente prestigioso que liquidará su particularidad. Por otra parte, lo nuevo es raro y buscar donde no hay, y eso lo dice en otro poema, que ya nos queda poco, es caer en lo archiconocido. Más bien, y eso dicho sentenciosamente: rescatar lo diferente con la visión y la razón. El equilibrio entre los dos puede dar algo y eso debe hacer el poeta. Ni explayar su sentimiento ante la realidad, ni secarla con el logos. El poeta tiene una aguda conciencia de su quehacer: Yo nunca hice nada que no fuera una pradera de palabras en la Oscuridad Cuartillas blancas Tinta negra y plumas aceitosas Candelas de sebo Ampolletas (Tánger, 63) Si, agrega: “Quizás sea posible concebir una estructura significativa que sea como una flor cuyo centro es el vacío, o mas bien una entidad abstracta (Tánger, 65) que estará en conexión con otras cosas. Pero la realidad es que eso también implica una realidad que comienza a ser absurda y revitalizadora de los viejos fantasmas como los fundamentalismos e irracionalismos de todo tipo que pueden conducir, otra vez, a la catástrofe, al hambre, persecuciones, tortura, miseria, por eso: “Qué lirismo no parece ridículo frente a la magnitud de estos acontecimientos”. Como Canetti, el poeta debe reconocer que la poesía no servirá para impedir ni la brutalidad, ni la guerra, ni la muerte, pero que el poeta tiene la obligación de hablar y de creer que sí es posible, ser fiel a lo humano: “Nos aqueja la vigencia de montar un nivel culto formal en el lenguaje. Las expresiones directas del yo a través de su manifestación pronominal no gozan ya de prestigio en los niveles académico y oficial” (Tánger, 69) Sobrevolad como pájaros la roja floración anecdótica (Tánger,66). Muchos elementos de la realidad parecen preludiar la oscuridad que va muy rápido y aquí la cita de W. Benjamín no es erudita, simplemente es uno de los primeros en advertir aquello de lo que fue víctima: ... mientras se suceden las noticias cablegráficas y se reproducen en un nuevo lenguaje (anunciado y descrito por Benjamín) –entre las voces- en forma paralela a las canas de mi cabeza: Los cuerpos atrozmente mutilados, las carcasas, el aniquilamiento de vastos sectores naturales –mientras se elevan las voces- sin embargo pulsados desde abajo, desde adentro, por idéntica floración rítmica (Tánger, 68) (Y en efecto hubo muchos antes que nosotros, encandilados por los innumerables reflejos del mundo, entregados (Tánger, 69 Es por eso que siempre te he considerado mi amigo. Tú no te haces ilusiones, pero tu escepticismo esconde una moral fuerte, un amor por el hombre (pásame un cigarro) Tánger, 72. Otra vez el coloquialismo que corta el rollo, esos cambios de tono para evitar la solemnidad o en el lirismo. El hablante no se deja atrapar por ese tono solemne que si bien necesita, debe al mismo tiempo ridiculizar con un giro que no banaliza lo dicho, sino que evita que lo dicho sea recibido en un nivel de lugar común, despojado de una esencial relación. Los guiños son numerosos: Lautreaumont, Machado, Parra, de Rohka, Neruda. Hay parodias, ironía, utilización de versos con intenciones diferentes a las originales, en fin, varias cosas que sería bueno analizar, sólo hemos rasguñado algunas. 3. LAS ANTOLOGÍAS En sus antologías va a reaparecer el poema Conversación con Erik Martínez que es una mirada casi melancólica sobre ese pasado combativo. Hay en su poema Epitafio a la escuela de Santiago un balance metálico de ese pasado, desertado por algunas figuras. El estado actual de la cuestión le hace decir que tal vez sería mejor nacer de nuevo pero, creo, no deja de ser una maldición a los desertores. Por otra parte, en la del 2004, Reflexión hacia el sur, su poema Homenaje a Gurdieff que, bien leído no puede sino reconfirmarnos en nuestra determinación de una actitud de fidelidad, entera y ética de su escritura. No estamos ante el principiante que, en su búsqueda de caminos, a pesar de sus convicciones político sociales se interesa en temáticas, filo y teosofías, creencias y saberes que las contradicen. Pero eso no es una paradoja sino la expresión cabal de la preocupación por las posibilidades que se le abrían a ese yo, preocupado naturalmente de sus propias elucubraciones y que va adentrándose en formas de ver y de advertir la realidad y de sumergirse en ella que le harán poco a poco eliminar una forma de hablar pero sin eliminar los fraseos y el uso de lugares comunes, citas y expresiones, de ese arsenal de mal gusto que había que arriesgar y que ahora domina. Eso ya lo podemos apreciar a partir de A vuelo de pájaro y sigue en Vitral con pájaros hasta alcanzar su más madura dimensión en Reflexión hacia el sur, hacia ese sur que nunca ha olvidado y que ve ahora claramente, mejor que en su primer libro, y que sin embargo cierra con un homenaje a Gurdieff que ya está lejos pero con el que guarda con deuda intelectual sino casi sentimental por lo que podría terminar diciendo, Etcheverry: quien nos viera y quien nos vio. Lo cierto es que no podemos leer a Etcheverry de manera lineal, en el plano connotativo. Tenemos que hacer un esfuerzo muchas veces para entrar en la denotación, en el sentido segundo que está aludiendo con la utilización de un lenguaje que, a partir de lo cotidiano, se impulsa a otras regiones. Por eso, creo, repite poemas, porque reorganizan su pensamiento, son momentos privilegiados y quiere repartir de ellos, tocar tierra y elevarse y seguir oteando lo que hay más allá de las palabras. 3. 1. En 1998 Etcheverry publica una miniantología personal, A vuelo de pájaro, que no trae ni Introducción ni prólogo del autor, contrariamente a las dos antologías que seguirán el 2002 Vitral con pájaros y Reflexión hacia el sur del 2004. Los poemas: Que siga tocando la banda, Y la gente, Nilton y Conversación con Martínez reaparecen en Vitral. Gnosis, de El evasionista, figura en Vitral también. Por otra parte Textbook también contiene Conversación con Martínez, Termidur, El desprendimiento de los pájaros, El trono de San Pedro, Paraíso y Gnosis que están en Vitral. Sólo podemos hoy señalar que, a pesar de tratarse de poemas sueltos, o que podrían formar parte de Hablativo agente, es posible encontrar algunos temas que están en sus libros precedentes: la memoria del hecho chileno, la reflexión sobre la condición humana, la poesía y el rol del poeta. 3.2. En Vitral con pájaros se nos advierte que debemos considerarlo como un mosaico con elementos recontextualizables o como las piezas de una casa. Todo eso nos permite decir que si Etcheverry ha publicado tres antologías debe haber alguna razón que no creo sea la del prurito de publicar. Más bien, habría que pensar que todavía está buscando y que los nuevos poemas que se codean con los más antiguos son para él los que en determinadas circunstancias vitales tiene que armar de alguna manera para satisfacer ese deseo de actualización y de fidelidad a ciertos principios y, por sobre todo, a esa tensión creativa y a la búsqueda de las formas que lo satisfagan si no para editar una obra estructurada como un todo, para que cada fragmento, válido en sí mismo de alguna manera depare una relación con las teselas que lo rodean. Son unidades relativamente independientes por el color y la forma, tienen diferentes funciones pero configuran un todo significativo visto desde una cierta distancia. Y tal vez ésta sea la característica de la poesía de Etcheverry: iluminaciones, conflagraciones, composiciones y destrucciones, relámpagos y oscuridades, alturas y abismos, olores y sabores que, como la realidad no podrían ofrecer una unidad significativa más allá de la que le otorguemos en el momento de la lectura o en relación a la totalidad de su producción. De alguna manera: a lo Cortázar: Rayuela, Modelo para armar. Porque leer la poesía de Etcheverry ha sido como una larga conversación con acedotas, interrupciones, sobreentendidos, alusiones, interpolaciones, todo eso, regado con humor, ironía y un poco de desesperación y angustia muy tamizada por aquello de evitar el sentimentalismo. Pero Etcheverry, que se quiere, en su texto, como hablante poético, un cerebral, es más emotivo de lo que quiere admitir pero que a la postre termina por confesar. Y si no ¿por qué esa mirada nostálgica hacia el pasado y esas terribles reiteraciones sobre la gris realidad, sobre esas vidas mínimas o marginadas, sobre Chile, los chilenos, los desposeídos, los engañados, los humillados, los asesinados, los ofendidos y los torturados? Porque al lado de toda la biología, de la física y de toda la razón y de todos los análisis objetivos, Etcheverry no puede aceptar que se aplaste lo humano. Porque no puede impedir que la res extensa de nuestro cuerpo a pesar de todo, determine nuestra razón, que estemos condenados a cargar con nuestra laceria sin que la inteligencia, que comprende todo lo que sucede y que lo expresa, pueda hacer nada para remediarlo. Estudio más amplio que éste merece esa dualidad entre las creencias aludidas, de las cuales Gurdjieff es sólo una porción, y una racionalidad a la que aspira pero que en varias oportunidades confiesa que es sólo como un seguro o un intento de que el logos domine al pathos. Como sucede en dos poesías: la de Millán y la de Zurita. Vitral con pájaros es el libro de sus poemas regalones como dice Etcheverry y que resume muy bien sus concepciones poéticas y la definición de su quehacer. Desde Vitral con pájaros del 2002 y Reflexión hacia el sur momentos y circunstancias más banales, de lo que llama la “Épica cotidiana” hasta aquellos reflexivos en los que hasta habla de la gnosis (alusión casi al pasar que implica lecturas y concepciones de un momento en su evolución intelectual en los que el hablante compenetrado con la realidad termina por comprenderse mejor). Es indudable el deseo de Etcheverry de reiterar que la poesía surge de cualquier parte, que el material, la vida, es inagotable aunque a veces, nuestra visión condicionada, nos impida verla. Retoma en este libro algunos temas, la constatación a veces nostálgica que ya no somos los mismos, que, de alguna manera, como dice Luis Lama: “Un chileno es una fantasma cuya vida terminó en 1973” (falta ref.) Pero hay un cierto orgullo por haber hecho cosas, entre ellas, haber escrito. Su poema “Conversación con Martínez” (que figura también en A vuelo de pájaro) dice: No somos más los pájaros salvajes del 68 Que nos agarrábamos con el mundo (A lo mejor sí, a ratos Por eso no nos va muy bien que digamos). (Vitral, 39 Llevar una forma de vida y, sobre todo, que eso implica un carácter de escritura, implica pagar un precio. Pero el poeta no se deja sobornar y vive, por eso: “nos adentramos hacia arriba Hacia lo alto” (Vitral, 60) ¿Y cómo no hará? Si a pesar de todo, en la ciudad hay belleza gratuita hasta en los nombres de las calles como lo expresa en el poema que abre A vuelo de pájaro: Termidur, Minuscabá. Como en El evasionista, la lucidez del hablante poético esta muy conciente de la condición humana en Res extensa dice: El cuerpo/ como este perro /sentado a nuestro lado/ que espera con ojos implorantes/ que le tiremos/comida/ que lo cuidemos/ que lo bañemos/ para matarle las pulgas/ que le demos sus remedios de vez en cuando/ Somos gente/ nuestra existencia oficial/ Es de la cabeza para arriba. (Vitral, 72) A este poema sigue El centinela: Este cuerpo Esta especie de tapa De un libro fome (y lo manejo hasta cierto punto) (...) y me preparo a engañar a ese vigilante eterno (...) Pero no se deja embaucar y menos sobornar Y la máquina yace despierta esa noche Y él también está despierto Porque siempre está mirando. (Vitral, 73) Si no controla su cuerpo, menos las relaciones con los demás que debe aceptar aun en sus momentos más anodinos Por todo esto, cuando Etcheverry escribe “La esencia de la poesía” pone abajo entre paréntesis, que no está dedicado a Hölderlin, porque: “De repente un animal Con carne hecha de memoria Ensueños, el paso del tiempo Te muestra sus garras (...) la vida sigue su curso Uno parado en la vereda Eso es poesía Y a lo mejor ni siquiera te publican”. (Vitral, 64) Si para Hölderlin hemos sido abandonados por los dioses que, tal vez, volverán, a Etcheverry le interesa el hombre y su vida y su memoria aunque asumirla implique un desgarro. No se escribe poesía, se hace, como la vida, son formas de conciencia y experiencia y, a final de cuentas, para mí, es una forma de existencia de fidelidad, de asunción y también de conocimiento, de saber que la escritura, a pesar de todo, esté condenada al olvido y que, de alguna manera no sea vista como una forma no ya económica sino de acción sobre la realidad. Pero, como el hablante, a pesar de todo, sí lo cree, persiste en su escritura. Tradicionalmente los poetas escriben por lo menos un poema que se llama Arte poética. En Etcheverry he encontrado sólo uno en Textbook. Pero hay otros en los que se habla de poética y poesía en Tánger. La esencia de la poesía y La poesía como pega es un trabajo enorme ambiguo, sin valor...el poema que lo complementa es: Tiempo libre, Idea para un concurso, Darwinismo, Icaro, Antipoema, y otros, son declaraciones de principios. En ellos el poeta muestra sus cartas, con las que no ganará pero a las que ha sido y será fiel; no se dejará ir, como los que, para decirlo con Neruda: “Transaron las ramas de los vínculos” Un buen ejemplo de ese tema que viene desde el primer poema del El evasionista, es La historia del hombre corcho, o gato, los carreristas, los que se ubican, los aduladores, los logreros a los que como su abuela, dice: Vade retro. Por eso, el recuerdo de los del sur le lleva a aceptar la casi inocencia de los emigrados y de los que allá viven, simplemente sin esas culpas que otorga ese afán de muchos de ubicarse, como sea. El tema del poeta y su escritura se da todavía en ese Poema con final mantra. Vale la pena detenerse porque de alguna manera implica la persistencia de ciertos elementos muy queridos y, por otra parte, conjuga los aspectos religiosos con los de la filosofía del lenguaje a la Austin. Claro esta, eso lo digo yo. Recuerdo haber leído en mis años de estudiante un libro que se llamaba La curación por la palabra en la época clásica que escribió si la memoria no me falla, Pedro Laín Entralgo. Esa concepción griega se acerca mucho a la budista y a las religiones hindúes que practican ciertas formas de incantación. En el fondo, creo, todo poema es una incantación. 3,3. El hablante en los poemas de Reflexión se sincera: Y no pecamos ni venial cuando decimos sin temor a los clichés Que nos hemos parado frente a La Esfinge y le hemos hecho toda Clase de preguntas Pero que nunca supimos quién armaba las respuestas: nosotros o La Esfinge Y así andábamos, al borde del abismo, petrificados a medias, sin Poder pasar al otro lado. Un resto de pudor nos impide el uso llano de la primera persona ( Reflexión, 30) Y el poema inventa un interlocutor, el hablante se desdobla, el conflicto que viene desde atrás no ha sido solucionado porque... tal vez no hay solución y es mejor que tal vez sea así: Pero a mí me parece que tratas de hacerte la víctima Oye, mira, eso estaba bien para el siglo diecinueve. Ya no tenís dieciocho años. (Reflexión, 32) El hablante lo ha hecho todo, cree: Pero al menos caminaba lleno de esa antigua corriente eléctrica La de las luchas pasadas, las manos y la historia No hay que creerle nada Un texto siempre inventa un personaje (Reflexión, 32) El yo y los de su generación, como dice otro poema, son hoy un resplandor extinto, sin embargo, creo que de alguna manera, esos Quijotes que retrató José Varela en un bello poema, algunos de los cuales han desertado, son como aquellos que sin poseer ya el resplandor en la hierba como dice el poema de Wordsworth, de todas maneras, queda algo, para decirlo con palabras de Tennyson: “Aunque mucho se ha perdido, mucho nos queda; y aunque no somos ahora esa fuerza que antaño movió la tierra y el cielo, somos lo que somos: una invariable voluntad de heroicos corazones, debilitados por el tiempo y el destino, pero fuertes en su afán de luchar, de buscar, de encontrar y de no doblegarse” Si el hablante desconfía de: La poesía actual e hispánica para qué hablar de la chilena Atraviesa por el vértice del ala incorpórea de ese gigantesco pájaro poético (Neruda) (...). Les pese o no, a muchos, Díganme si hay una pizca de Neruda en lo que estoy haciendo, si yo me cobijo también bajo esa sombra gigante (Reflexión, 48) Porque el hablante sabe que no se debe escuchar las palabras mesuradas ni sobre cocina ni sobre poesía. Se considera parte de un grupo de verdad poetas porque_ Nuestra poesía tiene que dejarse llevar por la tormenta. Deposita tu ritmo en este ritmo venido del otro lado del mundo, que se junta con el tuyo, una corriente brotada del Polo Norte. Juntos podemos hacer hasta la revolución. Yo no es un otro. (Reflexión, 36) Dice, invirtiendo la proposición de Rimbaud: Yo es un otro (Je est un autre). Este es un poema de su último libro es la suma y síntesis. Etcheverry clama su identidad porque ha sido fiel a su memoria. Cuando Rimbaud, en una carta a Paul Demeny, el 15 de mayo de 1871 le dice: que se ha comprendido mal al romanticismo, como si la palabra fuera comprendida por el poeta. Y dice “Car je est un autre, Si le cuivre s¨il n´y a rien de sa faute. Cela m est évident : j asiste á l¨eclosion de ma pensée : je la regarde: je l¨ecoute, Je lance un coup d archet » Y luego enuncia su teoría del poeta como un voyant, un vidente por las alteración de todos los sentidos: todas las formas de amor, de sufrimiento, de locura. Podemos observar que en el caso de Etcheverry, la alusión no es gratuita ya que para ser otro debe alterarse completamente y ajustarse a las normas. Pero, por otra parte, en la comprensión de la exclamación de Rimbaud, Es responsable directo y asume sus escritos y no se ve como un poseso o un vidente transportado o en éxtasis. Rimbaud está inaugurando una nueva concepción de la poesía y a su vez Etcheverry la está subvirtiendo. Por eso, dice que hará todo lo que nunca ha hecho: voy a esconder mis garras y limar mis colmillos....pero todo eso es pura ironía, no lo hará. No, yo no es un otro. Yo es un otro, si el que llevaba puesto antes no te gustaba. Amor y razón, como en La bruja. Y, lo más importante, el rescate de la poesía como un quehacer intelectual lúcido y no el poeta como instrumento de fuerzas oscuras o como una identidad diferente a la del yo del texto. Y de alguna manera es Nietszcheano y orteguiano. Yo soy yo y mis circunstancias y rescata la concepción social del yo, política. Por otra parte, para Nietszche, el hombre debe ser inocente y autorrealizarse, debe llegar a ser lo que es. La obra y el hombre en todas sus dimensiones Por lo dicho, considero que el carácter de la poesía la poesía de JE reside en buena medida en dos aspectos fundamentales que todavía podría resumir en la palabra estilo. Sí, no tengo, no tengamos temor de decir que nuestros escritores tienen estilo. Sobre esta famosa-maldita palabra se ha dicho mucho. Hay quienes sacan la frase Buffon: le style c´est l´homme hasta definiciones casi fisiológicas o estrictamente filológicas. Me aventuro a decir que en Etcheverry se da una buena conjugación de la expresión verbal, en su frase, en su vocabulario, en lo que alguien llamo los ademanes lingüísticos, en las modalizaciones, giros de palabras, dichos, frases hechas, sentencias, proverbios. El uso del lenguaje habitual y, por otra parte, lo que Proust llamaba la visión en el sentido de la visión de la realidad. Eso está presente desde su primer libro. Los temas y los motivos de su poesía se restringen, se amplían en un movimiento de vaivén, de cambios pero siempre hay elementos que persisten y que se funden en la expresión, es ése su estilo. Un estilo que sigue buscando. Tal vez el arte consiste en sus mejores logros, en esa búsqueda que configura obras que nunca se acaban y, por eso, tal vez, los poemas sueltos, la mini o antologías a secas cuya selección le incumbe al propio poeta. Búsqueda de expresión, de sentido, de deseo de comprender, de explicar, búsqueda siempre, viaje, obra siempre rehaciéndose, siempre mejorándose como aquel misterioso cuadro que se dice que Miguel Ángel llevaba siempre consigo, que miraba, pero que no dejaba que nadie más viera, que retocaba y que jamás terminó. Ojalá Etcheverry siga con ese paso rápido, con esa mirada penetrante y ese ánimo de buscar que nos lleva a hacerlo con él cada vez que lo leemos. Por ahí caracteriza al poeta como un centinela, no es el único que ha dicho eso, como tampoco que nuestra residencia es la tierra y este tiempo, uno de penuria y de horror. Pero el poeta es también aquel que nos lleva arriba, con los pájaros, a un pasado en que se creyó en la utopía que todavía puede ser mañana. Es esa creencia, en el sentido orteguiano, la que le hace decir con determinación: -Para eso somos músicos- (...) Hay que seguir tocando aunque haya cuatro pelagatos, vamos andando que siga tocando la banda que siga tocando Gatineau, Junio 2007 Bibliografía El evasionista, Ottawa, ediciones Cordillera, 1981 (Edición bilingüe; traducción de Christina Shantz La calle, Santiago de Chile, Editorial Sinfronteras, 1986 Tánger. La bruja, Santiago de Chile- Ottawa; coedición Ediciones Cordillera ediciones Documentas, 1990 A vuelo de pájaro, Ottawa, Verbum Veritas, 1998. Vitral con pájaros, Ottawa, Editorial Poetas Antiimperialistas, 2002. Reflexión hacia el sur, Saskatoon, Ediciones Amaranta Press, 2004 Hablativo agente (Internet) Tetxtbook: Jorge Etcheverry: textBook. (Poesía) http://www.letras.s5.com/etcheverry200603.htm Bitácora: Jorge Etcheverry: Cuaderno de Bitácora http://www.letras.s.5.com/etcheverry210603.htm

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Ottawa, Ontario, Canada
Canadá desde 1975, se inicia en los 60 en el Grupo América y la Escuela de Santiago. Sus libros de poemas son El evasionista/the Escape Artist (Ottawa, 1981); La calle (Santiago, 1986); The Witch (Ottawa, 1986); Tánger (Santiago, 1990); Tangier (Ottawa, 1997); A vuelo de pájaro (Ottawa, 1998); Vitral con pájaros (Ottawa; 2002) Reflexión hacia el sur (Saskatoon, 2004) y Cronipoemas (Ottawa, 2010) En prosa, la novela De chácharas y largavistas, (Ottawa, 1993). Es autor de la antología Northern Cronopios, antología de narradores chilenos en Canadá, Canadá, 1993. Tiene prosa, poesía y crítica en Chile, Estados Unidos, Canadá, México, Cuba, España y Polonia. En 2000 ganó el concurso de nouvelle de www.escritores.cl con El diario de Pancracio Fernández. Ha sido antologado por ejemplo en Cien microcuentos chilenos, de Juan Armando Epple; Latinocanadá, Hugo Hazelton; Poéticas de Chile. Chilean Poets. Gonzalo Contreras; The Changuing Faces of Chilean Poetry. A Translation of Avant Garde, Women’s, and Protest Poetry, de Sandra E.Aravena de Herron. Es uno de los editores de Split/Quotation – La cita trunca.

Instalación en la casa de Parra en Las Cruces

Instalación en la casa de Parra en Las Cruces
Chile, 2005, Foto de Patricio Luco. Se pueden ver en esta "Biblioteca mínima indispensable" el Manual de Carreño, el Manifiesto Comunista y Mi Lucha

Chile, 2005

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Una foto con el vate Nicanor Parra, candidato al premio Nobel de Literatura